La salle d'entraînement était son repaire, sa tanière. Kaito penchait parfois dans la compulsion, se cloîtrant dans la Tour d'argent pour parfaire son art pendant des semaines entières avant de disparaître de la circulation, se cantonnant à son autel, loin du brouhaha de la ville. Rien ne l'empêchait toutefois de s'y présenter sans y avoir d'engagement, simplement pour se repaître de l'énergie guerrière, de la combativité, de la résilience des ouailles qui s'entraînent. Un mince sourire apparaît sur ses lèvres lorsqu'il remarque la présence de Kuro, qu'il avait pris sous son aile jadis. Un neveu qu'il avait mal connu, mais qu'il s'était fait une fierté d'éduquer dans l'art de l'épée et du combat. Que Kuro ait à son tour un protégé lui laissait un goût doux-amer sur la langue; avant, il aurait été fier de voir que son neveu espérait transmettre les connaissances enseignées par son oncle. Kaito n'arrivait désormais plus à reconnaître celui qu'il avait éduqué aux arts de l'épée.

Le don de clairvoyance du mahotsukai était un avantage qu'il ne se gênait pas pour utiliser, à raison. Chaque petit avantage que l'on pouvait glaner pouvait faire la différence entre la victoire et la défaite. Un ultime choc de lames, le son creux de l'arme de pratique qui s'abat sur le côté plat du katana pour désarmer son adversaire, et une menace à peine voilée qui fait serrer les dents à Kaito. L'apprenti se relève, croise enfin le regard du kami, s'incline poliment; d'un geste de main, l'enseignant lui indique de disposer, ce qu'il fait sans demander son reste. « Je n'avais pas réalisé à quel point ton arrogance était devenue problématique, Kuro », fait-il d'un ton neutre, bien que la déception y est largement perceptible. « Tu manques de respect à ton apprenti en n'utilisant pas la même arme que lui. Es-tu à ce point incapable de contrôler tes réflexes que tu crains de le blesser si tu devais utiliser ton katana? Dans ce cas, vous devriez tous les deux utiliser des épées d'entraînement. » Visiblement, Kuro avait besoin de se faire marteler un peu de sens au creux du crâne, et Kaito était plus qu'heureux d'accepter cette responsabilité, que personne d'autre ne semblait disposé à prendre.