peut pas crier au manque ou à la réclame après une prestation décevante. peut pas dire qu'il attend sagement devant un immeuble au hasard pour jurer un retour au petit matin, entre cinq et six heures pour apprécier un soleil fainéant. deux ans que ça coule dans les paumes de ses mains, la curiosité persistante qui revient tanner les parois du crâne et l'escalier qu'il prend et reprend au soir quand l'estomac gueule à plus savoir quoi faire, à chaque heure de chaque nuit. l'aurait pourtant la facilité à s'y retrouver, du haut de ses quinze mètres, à faire le tour du japon en un claquement d'os, de quoi réveiller les défunts et les enfants peureux qui sursautent au moindre grincement de parquet. à la veille de l'hanami l'a au moins la justesse de faire semblant d'y participer, du haut de son balcon à admirer au loin les quelques pétales qu'auront bon de se mélanger à ukiyo. alors y veut faire au moins assez bien, kaneda, pour éviter le mauvais regard sur sa porte, de quoi la tapisser d'un troisième oeil vengeur ou d'un charme bon à l'enfermer chez lui. se retrouve balloté dans la rue principale sans savoir ce qu'il y cherche exactement, entre l'objet significatif et la loupiotte qui bouge au gré du vent. l'a les mains dans les poches, y slalome tout en faisant grincer ses épaules, tirant la mine dégoûtée d'une femme bien habillée qui témoigne d'un frisson de mort au bord de ses lèvres. y vient qu'à sourire sans faire dans le naïf, y vient qu'à s'attarder sur les étales sans poser de questions, les boutiques qui s'entrechoquent dans un brouhaha de fin, les restaurants qui ouvrent et les salutations polies qui se finissent en courbettes proches des pavés. puis ça vient étirer sa face, ça joue de sa peau fictive pour afficher une mine entre le ravissement et l'amusement, l'a pourtant rien d'un mauvais diable qui se perche sur une épaule, qui se fout d'une monde comme d'un coup de pompe dans une fourmilière. c'est ce qu'est derrière la fenêtre qui vient faire dans la bascule, qui sort de l'eau le nez pour lui permettre un semblant de respirer, l'existence en apnée qui se bouscule entre quelques vagues et les chants du ressac qui joue au disparu. l'entre ni une ni deux, l'est entouré de papier et de formes aléatoires, pourrait faire l'étonné ou l'illuminé qu'est atteint d'une révélation soudaine. l'a pourtant rien de tout ça, kaneda, l'est perché sur ses deux jambes, les sourcils qui se froncent. y jauge, rien qu'a changé dans sa mine, le temps qu'est plus qu'un bout de plastique coincé dans la même poche depuis des lustres et qu'a jamais vu sa couleur se modifier.

- il vous reste des lampions pour l'hanami ?
-
- en soi,
- un seul suffira.