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 aujourd'hui le soleil est pour toi (kohaku)

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aujourd'hui le soleil est pour toi (kohaku) EmptySam 20 Mar 2021, 00:36



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aujourd'hui le soleil est pour toi ;
bunko & kohaku


l'astre solaire plonge depuis ce matin le paysage dans une délicieuse atmosphère dorée. lumière profondément bénéfique et positive. lors des journées comme celle-ci bunko se félicite d’avoir choisi de vivre à l’écart de l’agitation des multiples buildings du centre-ville. immenses, ils projettent leur imposante ombre sur le sol et le soleil n’est alors plus suffisamment puissant pour s'imposer au milieu d'un monde parasité par la frénésie de ceux qui ne s’accordent jamais de temps pour respirer. en opposition, le quartier de komorebi rayonne sans cesse. il fourmille d’une vie bien plus simple et plus pure. une authenticité appréciable. l’oxygène est sans doute ici d'une bien meilleure qualité que partout ailleurs et personne ne cherche à vous bousculer pour pouvoir traverser plus vite par peur d’être en retard. c'est un endroit où la valse des perpétuels rendez-vous n’a pas court. les bruits incongrus de la nature surexcitée régissent la vie de ceux qui les acceptent. l’harmonie est une chose précieuse qu’il faut savoir savourer et chérir comme il se doit. la divinité ne troquerait son confort de vie traditionnel et paisible pour rien au monde. non pas qu’elle haïsse le coeur de ville, mais ici les sensations sont très différentes. les odeurs florales sont enivrantes et le mystère est partout. au creux de chaque fleur et sous chaque pierre se cachent des secrets centenaires. impossible de se lasser d’un environnement qui détient un tel pouvoir mystique ; celui de se réinventer au quotidien en rendant ainsi la lassitude impossible. les gazouillements des oiseaux sont une mélodie grisante pour la patronne des arts qui se laisse volontiers entrainer dans leur danse et effectue quelques tours sur elle-même. son vêtement épouse doucement ses chevilles dans un bruit de feutrine et de soie pressées l'une contre l'autre. un sourire sucré accroché aux lèvres. son petit rire cristallin émerge pendant quelques secondes et se mêle à ce paisible tableau, le temps d’un battement d’aile de moineau. puis le petit groupe de volatiles quitte la branche de l’arbre qui la surplombe, s'envolant vers de nouvelles contrées pour le bonheur d'autres yeux. de petits êtres qui ne savent décidément pas rester en place. sans cesse appelés ailleurs. de grandes traversées du ciel motivées par un insatiable appétit d’aventures. le contraire de ce à quoi aspire la tenancière de boutique qui aujourd’hui a décidé de prendre un congé bien mérité pour s’accorder un peu de repos. trimer sans cesse, parcourir frénétiquement les rues des autres quartiers en quête de nouveaux objets exubérants à exposer dans sa boutique, offrir ses mots divins à tous les artistes du coin. une vie bien trépidante mais harassante et ce même pour une déesse. alors elle a décidé d’aller s’égarer dans la forêt. vagabonde volontaire. déterminée à s’aérer la tête. la voilà qui marche sans trop réfléchir, au gré des troncs d’arbres vieux comme le monde. virages abrupts et si peu contrôlés. elle n’a aucune idée d’où elle se dirige. à vrai dire elle a pris le parti de ne pas vraiment réfléchir. autrement ça n’aurait rien de drôle. et qu’est-ce qu’une expédition dépourvue de fantaisie. sous l'épais feuillage qui la couve la fraicheur est agréable. et même si le soleil qui lui grignotait la peau avant sa petite escapade lui manque déjà, elle savoure la brise qui fait bruisser son petit monde.

pourtant au fil des minutes une ombre apparaît progressivement dans un coin de son esprit. quelque-part dans sa tête, tout doucement, comme un serpent qui remue. sa curiosité est immédiatement piquée. l’aura se fait étrangement familière. et sa conscience lui intime d’aller voir ce qui se trame. non, plus que sa conscience, quelque-chose en elle la pousse à la rencontre de l’objet de son intérêt. l’envie est soudaine, irrépressible. elle a bien sa petite idée sur ce qui est en train de se passer mais ça faisait un petit moment que rien de la sorte ne s’était produit. le besoin immense d’aller à la rencontre d’un de ses petits protégés. en effet, les enfants des arts qu’elle a à coeur de nourrir de son savoir divin sont entourés d’une sorte de voile qu’elle peut ressentir d'assez loin. et il est encore plus aisé pour elle de les percevoir lorsqu’ils sont proches d'elle. en voilà un qui est visiblement à sa portée. et elle peut savoir de qui il s’agit avant même de l’avoir en visuel. kohaku. d’où l’impression du reptile rampant subtilement dans son cerveau. il va encore penser qu’elle vient le déranger…mais la vérité c’est qu’elle ne peut pas s’empêcher de venir à la rencontre de ces esprits vifs qui captivent son attention. elle est incapable de résister à cet appel. comme un commandement. elle tisse en quelque-sorte un lien invisible et indéfectible avec eux au fil du temps. malheureusement souvent à sens unique mais elle sait, plus ou moins, en prendre son parti maintenant. si la présence du yokai semble être encore plus marquée que celle des autres c’est parce qu’il est arrivé ici cette dernière décennie. en un sens il fait toujours partie des petits nouveaux et n'appartient pas encore à la catégorie des meubles. d’où le redoublement d’intérêt de la déesse des arts. alors la voilà qui se faufile entre les branches bien plus rapidement que précédemment. elle fait attention de ne pas se prendre les pieds dans les racines pour ne pas s'étaler de tout son long sur le sol. elle écarte les feuilles qui viennent lui griffer le visage. elle se sent si proche et pourtant il n’y a rien ni personne en vue. perplexe, elle reste immobile. les bras ballants, elle se demande si elle ne s’est pas trompée. si son petit radar personnel ne l’a pas trahie pour une fois. puis elle se rappelle des capacités qu’a le yokai à se faufiler de par sa nature profonde. son regard se tourne alors tour à tour vers les branches et la terre jonché de brindilles de la forêt. sans doute n’a-t-elle plus qu’à attendre qu’il se montre.  
(c) SIAL ; icon kawaiinekoj

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aujourd'hui le soleil est pour toi (kohaku) EmptyLun 22 Mar 2021, 16:52






“In the darkness, two shadows, reaching through the hopeless, heavy dusk. Their hands meet, and light spills in a flood like a hundred golden urns pouring out of the sun.”

Journée gorgée de soleil, comme l’orange dans laquelle Akamataa l’insupportable plante ses crocs délicats, joyeuse âme qui dès le matin s’active entre les passants toujours plus nombreux. Dix années, minuscules dans l’éternité d’un yōkai, mais temps suffisant pour se faire un nom, se forger une exquise réputation ; il existe pour les gens. Comédien talentueux aux milliers de facettes, personnages coulés dans une cire indélébile, façonnés de ses mains tendres, sourires oubliés quand il se penche sur l’ouvrage de sa vie, une vie si longue qu’il en a omis le début, comme si jamais il n’avait compté. Une histoire aux premières pages lacérées, dont on ne connaît pas la fin ; quelle importance ? Kohaku le serpent éclaire de ses lumières sacrées les visages de ceux qui, une fois par semaine, viennent admirer ses poses, écouter la voix claire, lancinante qui vrille dans un air roussi, leur offre des frissons d’effroi, ou d’un plaisir coupable. Fier du petit effet qu’il dégage, l’esprit volatile en fait toujours plus, idées affluant dans sa tête sans discontinuer, éternel torrent d’inspiration qui fait parfois froncer les sourcils de ceux qui l’entourent ; égarés qui ont retrouvé leur chemin en le suivant lui, attirant personnage aux souffles de vie, hypnotisant corps distendu d’une souplesse irréelle, cuisses fines entourées de tissu, chasteté mensonge pour oublier la vérité. Dans ses rêves solitaires, Kohaku le reptile rampant, songe à une existence faite de bonheur, où toute souffrance disparaîtrait d’un quotidien qui parfois se fait dur, cruel. Lénifié par ces aspirations auxquelles il se convainc de croire, il s’endort souvent, face angélique tournée vers la fenêtre où bientôt la lumière d’un délicieux soleil le réveillera.

Bref, aujourd’hui ses petits pieds le mènent dans la nature inspirante, yeux vifs et alertes, fort peu chaudement habillé, épaule dénudée – mais qui pourrait ainsi remarquer ce corps qui se dévoile dans une prétendue pudeur dégagée ? Il est gai, ses lèvres chantonnent une vieille comptine qu’il susurrait aux enfants des villages humains qu’il visitait parfois, palpitant rempli de représentations nouvelles et incroyables qui faisaient vibrer les mortels sous l’impulsion de l’Akamataa masqué sous une figure rassurante. Souvenirs qu’il ne sait pas regretter, tant la mort de ces personnes, milliers, millions rencontrées, fut un fardeau compliqué à porter pour le frêle corps. Assis au milieu d’enfants rieurs, son sourire se faisait faux quand il se rappelait, ô cruelle réalité ! que bientôt, ils quitteront ce monde inchangé. Des années qui pour eux semblent longues, une mort lointaine, un petit saut par dessus la rivière pour un yōkai en souffrance. Ici, il est en sécurité ; pense-t-il. Ce n’est pas tout à fait vrai, car certains diront un jour au revoir au soleil qui, en ocelles tremblantes, se glisse entre les feuilles trop vertes pour l’aguicher ; leur dernier jour viendra, ô malheur qui lui fend le cœur, et les années pendant lesquelles lui, serpent doré, pourra les côtoyer seront d’autant de coups de poignard dans un myocarde amoché par le poids de la perte.

Disparu entre les arbres pour oublier, il marche sur les brindilles, s’installe contre une écorce choisie au hasard, jambes croisées, cerveau bouillonnant, papier noirci à la main, pinceau prêt à l’action ; mais le malaise le prend, comme souvent. Yeux levés vers le ciel à peine visible, lèvre mordue où perle une goutte d’un sanguin liquide, les ongles se crispent sur l’encre qu’il ne veut renverser ; coûteuse diablerie qu’il ne veut gaspiller. Akamataa sait ce qui le dérange, en cette thébaïde de plaisirs ; une présence, obligatoirement. Bien que caché sous une humaine et charmante forme, il n’en reste un odieux serpent à l’ouïe sensorielle trop développée ; on le croit sourd, mais il est spécial. Et le sol ne ment pas, les mouvements qu’il perçoit à quelques mètres sont distincts, le pas est reconnu et l’agacement point en son âme. Yeux clos, la figure superbe laisse place au corps d’une petite hydre de charbon, dissimulée entre les plantes, fâchée. Kohaku dérangé ondule, papiers et encrier laissés au refuge doré, cherche la casse-pied pour la réprimander. Ne sera-t-il donc jamais tranquille, à puiser au fond de sa merveilleuse inspiration qui jamais ne lui a menti ? Elle est en vue, l’incroyable déesse, celle qu’il devrait tendrement aimer mais pour qui, ô étrange réalité, il ne peut rien ressentir. Proche, il la menace de sa queue froide qui se faufile entre ses pieds si innocents qu’il, il le sait, pourrait mordre sans autre regret. Il tournoie avec colère, impétueuse bête qu’on dérange au sein d’un territoire qu’il voulait garder pour lui seul cette journée encore. La déesse des arts gâche son bon plaisir, il lui en veut. Parce que l’incompréhension se mêle au ressentiment ; il se sent épié, surveillé alors que des centaines d’années durant il a été ignoré, s’est forgé cette âme sublime d’un artiste incompris et secret, fascinant.

Joli tour terminé, menace qui s’envole au loin, car le petit serpent noir s’échappe à sa vue, rejoint avec fureur sa cachette feuille. Il redevient humain, dents serrées, son dos retrouve le tronc bienvenu et ses paupières lentement descendent, juste un instant de repos. Il espère que cela suffira à la faire fuir, déesse de ses cauchemars. Ne me dérange pas.

(c) SIAL ; icons sial


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