«
Il est informé de ta venue. Dis-lui tout ce dont tu m’as dévoilé, identiquement, parfaitement, dans les moindres détails. S’il te questionne, répond-lui. S’il t’ordonne quoique ce soit, obéis-le lui. Il connait les limites qu'il ne doit pas franchir. Je ne peux être avec vous, j’ai forte affaire en un autre lieu, mais je te fais confiance, ne me déçois pas. Tu le retrouveras dans son bureau. Ichiro, veille à bien rester à ta place. J’insiste sur ce dernier point, compris ? Tu peux disposer. »
À chaque pas posé dans les couloirs du palais, tel un tempo enregistré, les mots de
Dame Ishida résonnent dans la boîte crânienne du serviteur. Il est tôt, la journée ne fait que commencer et pourtant, la vie grouille déjà au cœur de l'établissement. Fourmilière foisonnante, tous s'attellent à sa tâche, petites mains côtoyant les grands esprits. La jeune fourmi qu'est l'âme
assujettie perdue a elle aussi une mission à accomplir. Une mission simple, mais lourde de conséquences. Car Ichiro le sait, les paroles qu'il s'apprête à tenir à nouveau auront le même poids que celui d'une sentence.
C'est donc avec le visage grave et le cœur palpitant qu'il se dirige vers le bureau de cet homme autant respecté que craint, s'écartant et s'inclinant devant des figures respectables de la guilde lorsque leur chemin se croisait dans un couloir un peu trop étroit.
Rester à sa place quoiqu'il arrive. Il monte les escaliers, une marche après l'autre. Puis, se dresse devant lui, la fameuse porte. Il s'arrête à quelques centimètres de celle-ci, le poing levé, prêt à toquer pour signaler sa présence, mais la conscience morale appelle à l'hésitation.
Tu ne peux plus faire marche arrière. C'est trop tard. Dualité intérieure qui persiste. Son torse se gonfle à travers une grande inspiration, puis la relâche en un profond soupir.
Tu n'as plus le choix. Et les doigts percutent le bois de la porte. Moment de silence, moment d'incertitude, quand soudain la voix du mahōtsukai claque comme un fouet trancherait l'air. Ichiro rentre alors calmement dans la pièce.
Dans le nid du dragon.
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Kuro-sama, salue-t-il en une voix posée, suffisamment forte pour que le Kazama l'entende, suffisamment faible pour ne pas s'imposer.
Instinctivement, le buste s'incline en avant, bien plus que la normale. Signe de profondes salutations respectueuses pour lui, le digne descendant d'un kami. Lorsque le mortel relève les yeux, une aura pesante et pressante s'abat sur sa personne. Guère besoin de mots, l'énergie que dégage le propriétaire de ce bureau à travers sa gestuel est suffisamment communicative.
Reste à ta place.
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En effet.Les mains sont moites, mais l'expression faciale inchangée. Le sérieux redessine somptueusement les traits du faciès habituellement joviales. Aujourd'hui, le soleil ne rayonne pas, la chaleur est éteinte. Doit-il tout lui dire ? En un seul coup ? D'une traite ? Par où commencer ?
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Je soupçonne que parmi les rangs de la guilde se tient une personne affiliée aux enfants d'Izanami, avoue-t-il en fixant ses noisettes en-dessous de ceux de son interlocuteur. Manifestation de sa soumission.
Et il hésite, une nouvelle fois, quelques instants qui paraissent une éternité sous le regard du dragon noir.
Tu n'as plus le choix. C'est soit vous, soit elle.-
Il s'agit de Dame Ono. Ono Rumiko. L'autre jour, j'ai surpris une conversation douteuse se faire entre elle et des individus. Ils étaient deux, cependant je n'ai pas pu voir leur visage...(c) AMIANTE
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